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mardi 8 juillet 2008

Drogue: entre le Maroc et l'Europe

Sur route, ils transportent leurs cargaisons dans de puissants 4x4 ou de grosses berlines, le plus souvent allemandes et volées. En convois, au coeur de la nuit, ils remontent d'Espagne à tombeau ouvert sur les autoroutes, forçant les barrages si nécessaire.
Ils roulent à 200 km/h: les trafiquants savent qu'en adoptant la technique du "go-fast", ils sont difficiles à arrêter. En transposant sur la route ce mode de transport inventé dans les Caraïbes par des hors-bord ultrarapides, ils posent des problèmes aux policiers qui ont pourtant mis au point une tactique pour les intercepter.
Au poste de péage français du Boulou, proche de la frontière espagnole, le chef de l'Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCTRIS), Jean-Michel Colombani, a organisé une démonstration. "Pas question d'intervenir sur les voitures en mouvement, ils roulent trop vite", dit-il. "Il faut attendre qu'ils s'arrêtent: la station-service ou le péage.
La station, c'est trop dangereux. Reste le péage". En accord avec la société d'autoroute, le guichetier est remplacé par un policier des "stups" (sutpéfiants), membre d'un groupe d'intervention spécialement entraîné. Pris en filature sur des centaines de kilomètres, le convoi est pisté en permanence. Il est précédé par une voiture ouvreuse, souvent louée et tout à fait en règle, dont les occupants s'assurent que la voie est libre. La radio policière crache: "Véhicule ouvreur approche du guichet... Véhicule ouvreur s'arrête...".
En quelques secondes trois policiers surgissent, se cachent aux abords de la cabine de péage. Devant et derrière le guichet, ils préparent une herse d'un nouveau genre: en caoutchouc, elle contient des pointes qui sortent et se fixent dans les pneus si on roule dessus. Au moment où il baisse la vitre pour tendre son ticket, le conducteur est inondé par le faux guichetier d'un puissant gaz lacrymogène.
En 2007, 22 convois de go-fast routiers ont été neutralisés, permettant la saisie de cinq tonnes de cannabis. Sur l'eau, les trafiquants chargent des centaines de kilos de drogue sur de longs hors-bord spécialement fabriqués. A l'arrière, trois ou quatre moteurs de 250 chevaux leur permettent de naviguer plus vite que n'importe quelle embarcation entre les côtes marocaines et l'Espagne ou la France. A bord, en plus des jerrycans d'essence et des ballots de résine de cannabis, de quatre à six personnes.
Seul un hélicoptère de la marine et son tireur d'élite sont alors efficaces, dans le cadre d'une opération lourde comprenant aussi un avion, une frégate et des commandos de marine. "Ils naviguent à plus de 40 noeuds, c'est-à-dire 80 km/h: partis des côtes nord du Maroc, ils sont en France le lendemain", explique à bord de la frégate Montcalm son commandant, le capitaine de vaisseau Luc-Marie Lefebvre. Le "go-fast" est d'abord repéré puis pisté par l'avion des douanes qui survole les côtes espagnole et française. Le dispositif est mis en place: un tireur d'élite, armé d'un fusil de gros calibre, prend place à bord d'un hélicoptère Lynx. Après plusieurs tirs de semonce et s'il n'y a pas de réaction, feu vert est donné aux "tirs de neutralisation", directement dans les moteurs. Les commandos de marine peuvent alors accoster, bientôt rejoints par des douaniers chargés des perquisitions.
Depuis 2006, la marine française a ainsi arrêté seize "go-fast", saisissant neuf tonnes de cannabis. Bien davantage ont été jetées à l'eau par les trafiquants se sentant pris.
AFP

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